Voici un petit poème écrit pour souligner les prouesses de Maître Marc Bonnant lors de l’un de « ses procès ». Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’y assister, souhaitez qu’il se relance dans l’aventure !
Le procès de Socrate
Imaginez la scène : un décor démuni,
Presque cadavérique, en un lieu défraîchi
Où les voix des plus grands secouent notre arrivée
En des échos succincts apaisant les travées.
La centaine d’élus gagne son strapontin,
Trépidant d’impatience en sachant son destin.
La scène, sombre, est prête à accueillir son hôte
Il ne sera pas seul : deux chaises la chapeaute.
Voilà qu’il apparaît dans son costume noir
Concentrant les regards en son simple miroir :
Un visage aux yeux vifs et une voix sublime
Seront les compagnons en visite à ce crime.
Point de bonjour oiseux, le ton nous est donné.
Un maintien sans pareil, nous voilà bâillonnés.
Des mots, rien que des mots, or, nous perdons la vue
D’avoir trop écouté, puisque telle une crue
Ils ravagent nos sens. Notre ouïe a des yeux !
C’est tout un festival de propos victorieux.
Anecdote, origine, histoire ou parenthèse,
Rien n’a été omis, tout cela avec aise.
Génie ou exigence ? Abnégation, exploit ?
Passion, humilité convaincront notre émoi.
Quand Marc fait son procès un nouveau monde opère
Que peu ont défriché, un monde sans frontière.
Son horizon va là où porte son regard,
L’infini lui convient, le reste n’est qu’un fard.
Si l’intellect peut jouir, nous l’avons éprouvée
La douce volupté d’une grande envolée.
Mais que nous reste-t-il, quand les acclamations
Brisent cet idéal, laissent la frustration
D’une réalité insipide et étale
Reprendre sa routine et sa faible morale ?
Tout ! Car l’initiation ne peut se retirer
A celui qui a vu. Il reste à transpirer
L’écho d’un pur esprit pour signifier au monde
Que l’art est éternel, sa compagnie féconde.