Il était une fois, dans un lointain pays,
Dans ces petits endroits où tout semble ravi,
Un jeune homme affairé à ses tâches multiples
N’ayant que de raison la joie de son périple :
La vie est une esquisse, il trace son destin,
Tout paraît immuable, alors qu’il n’en est rien,
Car les lits et leurs cours ont des voies détournées
Qui savent éviter les têtes acharnées.
Une tête charmante afficha son minois
En ces instants précis où manque un peu de foi.
Le sort en fut jeté et le regard tenace,
Car on ne surprit point une œillade fugace.
La vie continua avec tous ces émois
Qui entourent les sens lorsqu’ils sont aux abois.
L’homme était incertain de la démarche à suivre
Ne sachant que penser ni quel rêve poursuivre.
Pourtant elle était là, devant lui, rien qu’un pas
Permettrait de savoir s’il n’y avait qu’un appât.
Le pur désir se doute et l’attente est sereine,
Le minois s’en alla, laissant un peu de peine.
Pourtant l’homme ignorait quel en serait son sort :
Du départ consommé grandissait un trésor.
En effet, la rencontre avait mis la semence
D’une nouvelle vie emplie de délivrance.
A l’insu de l’amant mûrissait dans son cœur
L’arbrisseau de la belle et ses fruits de bonheur.
Elle n’était plus là, mais il la sentait vivre
Chaque fois que le grain croissait à le rendre ivre.
Et c’était si souvent qu’il crut au souvenir,
Mais le mal était là serrant son avenir.
Plus cela grandissait, moindre en était la fuite,
Et le manque de champ hélait déjà la suite.
Elle revint, c’était écrit, rien n’était dit.
Le cœur était saisi : la belle avait souri.
Il vivait maintenant au gré de sa présence :
L’arbre suivait sa belle et se mouvait d’aisance.
Il était sous l’emprise et n’osait l’affirmer,
La peur de l’inconnu le laissait désarmé.
Alors il subissait les attraits de ses charmes
Et dans leurs discussions, sa joie était aux larmes.
Combien de fois eût-il désiré lui confier
Que vivre sans ses yeux le rendait atrophié.
Eux étaient sans couleur, lui sondait tout son être
Car il plongeait au cœur d’une lumière à naître.
Le silence, toujours, rempart des amoureux,
Empêchait qu’il lui dît son âtre douloureux.
Car son âme brûlait d’une simple ignorance :
Savourait-elle aussi sa petite présence,
Ou se fourvoyait-il dans un piètre chemin
Dont il n’obtiendrait rien que le dos de sa main ?
Il devait le savoir afin qu’un geste inique
Sectionnât d’un coup net ce buisson exotique
Qui au gré de la bise et aidé par l’erreur
Avait surpris sa veille et exploité son cœur.
Puis la vie reprendrait le cours de ses méandres
En laissant dans son cœur un petit tronc de cendres.
Alors lui resterait de ce tendre baiser
Déposé un matin d’un élan apaisé,
Sensation éphémère et pourtant éternelle
D’une bouche suave apposant ses séquelles :
Le début d’une vie et une joue en feu
Ou le rêve brisé d’un détour malheureux.
De cette brève histoire existe une morale
Dont l’issue, espérons, ne sera pas fatale.
Tu l’auras deviné, le poète c’est moi.
Et la tête charmante est nulle autre que toi.
Maintenant tu sais tout mais demeure sereine,
N’enfouis pas ton regard sous le flot de tes peines.
La boîte de Pandore est prête à déverser
Des myriades de mots rien que pour t’encenser.
De ces mots anodins qui font frémir l’oreille
Parce qu’ils touchent le fond du cœur qu’ils émerveillent.
Mais l’enjeu n’est pas là car tu détiens la clé
D’une effusion sans fin ou de ces vers bâclés.
Je te laisse à tes choix, je n’ai rien d’autre à dire
Car parler sans savoir reviendrait à médire.
Peu importe ton choix, mais écoute ton cœur,
Lui seul t’épargnera de tomber dans l’erreur.